Jérôme Jims

Le « Mapouka » hypnotique de la Côte d’Ivoire (sur la jeunesse francophone africaine) !

Un Mapouka très vibrant !

Bercée aux premières heures par un mapouka très vibrant et un humour « bababizoto », notre enfance a été virevoltante. Nous nous rassemblions chaque dimanche devant la série « ma famille d’abord » pour partager des fous rires et faire suer nos dents avant un bon repas. A peine nous finissions que la Jet Set reprenait le flambeau du divertissement. Nous étions émerveillés de leur assurance et leur facilité à ne rien dire d’intelligent tout en brandissant de gros cigares, du fafiou et des vêtements de transgenres. « Même au campement on parlait d’eux ». Quel campement ? On n’en sait rien et on ne veut pas du tout savoir. Dansant avec furie, nous avions grandi sous les incantations sonores de feu Dj Arafat, cet évangéliste qui s’ignorait. La jeunesse francophone africaine s’est pliée et a bu tout doucement l’infusion orange.

Ton maudia ! Ton mèrecon même !

Mais ce n’était rien par rapport au baby-boom qui a pris place sur les réseaux sociaux. Les pages ivoiriennes avaient déjà pris le lead. Désormais, on peut voir leur quotidien et apprendre de leur vie de tous les jours. Entre les insultes devenues populaires comme « maudia », « babière », « mèrecon »..et les lives des « influenceurs », la jeunesse francophone a tété violemment au sein. Désormais rire de tout et insulter promptement est le leitmotiv. La course effrénée aux likes est la carrière rêvée du jeune africain francophone. Peu importe ce que tu racontes. Mens s’il le faut. Insulte-nous. Dénude-toi. Oui, épile-toi le maillot en live Facebook. Tu trouveras toujours des humains défaillants pour te soutenir. C’est ainsi que notre jeunesse a voulu s’essayer à l’atchèkè au cube cru. Comme une première cigarette, nous avons toussé à la première bouffée. Mais cela ne nous a pas empêché de persévérer comme le conseille la Bible. Sauf que nous n’avions lu qu’une partie du verset puis refermer le gros livre promptement. Des caméras s’allument chaque jour, des nouveaux dossiers s’ouvrent chaque soir. Les mineures allument les papis chaque jour, les cuisses s’ouvrent chaque soir. Les dessous prennent le dessus et donnent des sous quitte à faire quelques déçus. Les convocations se prennent chaque jour. Des malédictions se chopent chaque soir.
Nous nous tenons fermes pour les choses bien inutiles. Des débats à n’en point finir auxquels assistent des milliers de jeunes connectés. Ces jeunes qui se plaignent de ne pas avoir de quoi se nourrir, trouvent toujours de l’argent pour acheter des Pass internet. Et ça continue de danser. Le rythme devient de plus en plus rapide. Une tachycardie enivrante où nous nous sentons vivre à nouveau.
Ces jeunes sont en quête de leur propre identité. Des jeunes, jadis polis, honnêtes et valeureux se sont noyés dans les flots de l’illusion des écrans.

Côte d’Ivoire, nation foutûment forte !

En vérité, c’est de notre faute. Pas celle de la Côte d’Ivoire. Nous pouvions juste prendre leur joie de vivre, leur sérieux au travail et leur créativité afin de les réadapter à nos pays. Leur excellence en affaire de business, d’hospitalité et de tourisme. On aurait pu mettre en valeur notre Aklangbé (nouchi), nos vêtements, nos musiques. On aurait pu raconter nos histoires à travers de petites séries. On aurait pu commencer en parlant normalement français sans rajouter « deh ». On aurait pu appeler nos bananes plantains frites, Amadan au lieu d’Alloco.
Eh punaise ! La Côte d’Ivoire est une nation foutûment forte depuis bien des années. Mais nous avions juste oublié un détail. Chaque nation a sa force. A nous de connaître et utiliser la nôtre.

« Je vous demande pardon. Ne me jetez pas la pierre population. Prenez-moi comme votre petit frère ! ». Je vous aime, ivoiriens ! Pensons juste aux générations futures. Si vous voulez m’attaquer, abonnez-vous à mes comptes Jérôme Jims mdr. Voici des articles pour calmer vos coeurs..N’oubliez pas de partager et de vous abonner !


Symphonie de la nuit

Hier j’ai eu 19 ans. J’avais espéré que le cours de ma vie change par enchantement. Surprise. En fait non. Il est deux heures du matin. Je n’arrive plus à trouver le sommeil. La taille de mon lit dit long sur mon statut de célibataire. Je fixe le petit calendrier sur ma table. Il est de l’année 2018 mais je l’utilise encore pour ne pas rater les anniversaires de mes proches. Non je déconne. Facebook est là pour cela. C’était plus pour la photo de cette fille dessus. Je lui avais même donné un surnom en espérant un jour la rencontrer, tu sais bien… comme dans les films. Je sais. Mes délires sont hors-norme mais un type comme moi n’a pas eu beaucoup de chance en amour. Alors je fais avec les moyens de bord. Je reçois un message sur mon téléphone. J’aurais voulu que ce soit une notification de virement de ma paie. Je saute littéralement sur mon téléphone et déverrouille avec engouement. C’est juste mon forfait internet qui vient de s’épuiser… déception. Il fait chaud. Mon vieux ventilateur est en panne depuis cinq mois. A chaque fois que je trouvais l’argent pour le réparer, il y avait toujours une nouvelle priorité. Par contre je pourrais offrir des stages à toutes ces personnes qui ne croient pas trop au réchauffement climatique.

J’étouffe. Alors je prends mon shirt gris (le dernier qui est encore tout propre), une culotte et mes sandales Chirac, puis je sors prendre de l’air.

La nuit profonde…

Les rues de mon quartier sont calmes à cette heure-là. J’ai toujours eu ce goût du risque. A vrai dire je n’avais pas grand-chose sur moi à me faire piquer. Le vent qui souffle me fait du bien. J’arpente le carrefour de Hihéamé. Quelques bars restent encore ouverts. Des clients de la dernière heure noient leurs soucis dans l’alcool pour les ressusciter aux premiers rayons de soleil. Leur bonheur se résume à ingurgiter quelques litres d’éthanol et à glisser leurs mains de vicieux sous les jupes des serveuses. Ces serveuses un peu trop jeunes étaient souvent à leur tour servies aux clients par la patronne du bar. Il faut bien qu’elles payent leurs études et nourrissent leurs familles. Plus loin au fond, plusieurs jeunes lycéennes et étudiantes sont aux tables de ces vieux riches aux sourires pervers. S’ils ne sont pas riches… alors ils sont sûrement professeurs d’école. Comme quoi, ici, il est rare que ces deux mots aillent ensemble. Ces filles sont pour la plupart contraintes. « Bonne tu es au lit, bonnes sont tes notes » comme dirait un dicton anonyme. Je m’éloigne et décide de parcourir les ruelles moins éclairées. Deux jeunes s’amourachent et se disent des mots doux. La fille panique un peu parce que sa mère pourrait les surprendre dehors à tout moment. Cela me rappelle mes premières années au campus. Je les dépasse en souriant. Plus loin, sous des lampadaires qui grésillent, de jeunes humains de sexe féminin, portant des tenues légères m’appellent de leurs sourires : « dékadjè ! Choco ! Va dom sé kpor laa !* ». Des bouts de viande exposés pour le bonheur des messieurs accrocs aux « jeux de dames ». D’ailleurs ils n’aiment jouer que dans le noir.

La rencontre avec Senka

Dans la pénombre, à côté d’une maison abandonnée, est couché un jeune homme à même le sol. Il secoue sa tête de temps en temps comme s’il discute avec une personne invisible. Je le reconnais. C’est Senka. Ce jeune garçon avait un excellent niveau athlétique à ce qui se raconte. Je m’approche de lui avec un peu de réserve. Il se relève brusquement et s’adosse contre le mur. Par ces yeux à moitié ouverts et sa respiration haletante, je devine qu’il est sous l’effet de substances pas tout à fait légales. Je ne sais pas ce qui me pousse à engager la conversation avec quelqu’un de plus baraqué que moi en plein milieu de la nuit. Malgré ma gorge nouée, je le fais avec un simple « hey bro, ça peut aller..?  ». Son état second me répond à basse voix « Senka va toujours bien. Senka est le meilleur. Senka n’a pas besoin d’aide. Senka va toujours bien.. » Il essaie de faire un pas vers moi mais titube sur son pied gauche. Je rattrape de toutes mes forces ce grand corps lourd. Je fais l’effort de le faire asseoir sur une brique dans une des chambres de la maison abandonnée. Il respire un grand coup et souffle un merci. Je constate que le genou de son pied gauche est bandé. Senka faisait bien plus que son âge. Sa barbe et son corps taillé par ses entraînements lui donnaient des traits de gladiateur. Un gladiateur qui semblait avoir perdu une partie de son âme lors de ses batailles. On reste cinq longues minutes sans parler. Il essaie de cacher la douleur de son pied gauche mais les mimiques de son visage le trahissent. Je brise le silence et lui demande ce qu’il a au pied. La tête baissée, il me répond « c’est une longue histoire fofo.. ». J’attends encore un peu en le fixant d’un air questionneur. Il lève la tête et sort lentement un briquet de sa poche. Sa main gauche palpe ses poches arrière à moitié déchirées. Un bâton de cigarette un peu froissé en tombe. Il le ramasse, souffle dessus comme pour l’assainir et le met à la bouche. Après plusieurs essais, le briquet parvient à enflammer le bout de sa cigarette. La flamme éclaire un moment ces lèvres gercées et la masure sombre. Il aspire sa première fumée comme un baiser. Les yeux fermés, il glisse les mots d’une voix rauque. « Je suis tombé et ma vie avec ..bro.. ». Je ne comprends pas mais je sens qu’il va bientôt m’expliquer.

« Recommence tant que ce n’est pas parfait ». C’était la phrase préférée de mon père dit-il. Je viens d’une famille modeste. Mon père est un vétéran de guerre. Et quand tu as un père qui a subi beaucoup de traumatismes et gardé des séquelles des batailles, il tend à vouloir les partager avec vous. Je suis l’aîné et naturellement j’ai dû accepter ces cadeaux un peu trop violents pour un garçon de mon âge. L’entraînement était militaire depuis mes 15 ans. Je devais donner les performances d’un adulte et réaliser le rêve de mon daron : celui de devenir un athlète de haut niveau. J’étais debout avant le soleil et je m’endormais après les chiens. Je n’arrivais plus à suivre le rythme combiné aux cours à l’école. Alors, par la force des choses, je suis devenu rebelle aux professeurs. Ils ne pouvaient pas savoir la pression que j’avais depuis la maison pour avoir de si mauvaises notes. »

Senka tire une autre bouffée de fumée et tousse un coup avant de continuer.

« ..J’avais de mauvaises notes dans toutes les matières..sauf en sport. » Il pouffa de rire. « Je crois que je battais tous les élèves de mon lycée. Même ceux des classes supérieures. Le prof de sport n’hésitait pas à me proposer pour les tournois de course. C’était d’ailleurs la seule raison pour laquelle je n’étais pas encore renvoyé de l’établissement. Je ramenais les médailles à l’école et les élèves étaient mes fans. Plus les filles que les mecs j’avoue. Un bad boy grand et costaud, c’est tout ce qu’elles voulaient à l’époque. Et elles étaient l’une de mes plus grandes faiblesses. Je les collectionnais sans peine. Il y en a une précisément que je ne pourrai pas oublier.

Après une belle pluie un après-midi, j’étais au terrain. Je venais faire mes tours habituels. Le sol moelleux à souhait me mettait de bonne humeur. Juste au moment où je me rhabillais, j’aperçus cette fille sur les gradins. Son teint noir luisait sous l’effet du soleil de 16h. La petite brise qui soufflait dans ses cheveux la rendait encore plus hypnotisante. J’avais l’impression d’admirer un tableau d’art. Etant qui je suis et étant souvent sûr de moi, je mis en un éclair mon survêtement et allai vers elle. Lorsqu’elle répondit à mes salutations, j’eus des frissons. C’est fou. Elle était le charme incarné. Elle était apparemment nouvelle dans le quartier. Je me nomme Akou me dit-elle. Je lui proposai qu’on marche ensemble pour boire du jus de bissap afin de mieux faire connaissance. Elle refusa avec un joli sourire et rentra chez elle. Son refus m’attira encore plus. Je souriais bêtement en rentrant chez moi ce soir-là. Le lendemain, j’étais revenu au terrain en espérant juste la revoir. Elle était là. J’étais beaucoup plus respectueux cette fois. Inutile de te dire que de fil en aiguille, Akou et moi sommes devenus intimes. C’était un mélange de flirt et d’amitié. Nous savions tous deux qu’on avait une folle attirance l’un pour l’autre et pourtant personne n’osait en parler. On pouvait parler des heures sans se lasser l’un de l’autre. On parlait de nos rêves. Un soir de pluie, au moment de se séparer, je la pris par la taille et l’embrassai. Elle ne résista pas une seconde. J’avais lu ce sourire timide sur ses douces lèvres avant qu’elle ne rentre à la maison avec empressement. Pour une fois, j’imaginais mon futur avec une femme. »

Senka, les yeux fermés, tire encore une fois sur le bâtonnet incandescent pour qu’il ne s’éteigne pas.

« Notre vie à deux prenait peu à peu forme. En traînant avec elle, j’avais commencé à plus prendre du temps pour moi-même que pour l’athlétisme que je faisais.

Mais pour la première fois je me sentais bien. Elle me trouvait d’autres qualités. Pour la première fois, une femme arrivait à voir au-delà de mon corps. Mes notes s’amélioraient à l’école. J’étais étonné de l’impact qu’elle avait sur moi. Un soir, après l’entraînement, je la ramenai à la maison pour qu’elle rencontre ma famille. C’était le début de mes problèmes. Enfin je crois. Tout le monde était content à la maison sauf mon père. Il voyait en Akou, celle qui allait briser ma carrière d’athlète. Depuis ce jour, à chaque fois qu’elle essayait de créer un contact avec mon père, c’était toujours des mots durs qu’il envoyait. J’essayais de ne pas y faire attention. Père était de toute façon d’une humeur qui ridait son visage presque tout le temps. Pour une fois où je retrouvais un sens à ma vie, je ne pouvais rien laisser gâcher mon nouveau train de bonheur. Père, déterminé à nous séparer afin que je reprenne l’entraînement athlétique, était prêt à tout. Akou passait souvent les jeudis après-midi avec moi à la maison. Un jeudi, père m’envoya sciemment lui chercher une pièce de sa moto. Il appela une de mes ex qui n’était pas très d’accord que j’arrête notre relation afin qu’elle passe à la maison. J’avoue que j’avais joué avec son cœur et son corps sans émotion aucune. Elle avait trouvé le moyen de rendre le coup de façon magistrale. Il la fit attendre dans ma chambre. Akou était une belle fille avec une âme blessée par le passé. Les déboires amoureux avaient fait d’elle une fille sensible et fortement jalouse. Elle rentra dans la chambre pendant que mon ex se prélassait dans mon lit. Ce qui devait arriver.. arriva. Des disputes éclatèrent tout comme ma belle relation. Contraint de repartir à la case départ avec une colère dure contre mon père, je me réfugiai dans le sport à nouveau. Sauf que mon âme était instable. Enchaînant des médailles, j’en voulais encore plus. En vérité, j’essayais de réparer mon âme comme je pouvais. Un soir, un ami me proposa une substance nommée « poil de diable ». Cette substance était destinée à augmenter mes capacités et mes performances. Enfin… normalement. Je m’y suis plongé avec joie. Je voulais donner tout pour être le meilleur en sport et il me fallait plus que des exercices et de la confiance en soi. Après quelques mois, je suis devenu rapidement accro à cette drogue. Elle faisait désormais partie de moi et me consolait avec quelques performances faites.

 Un après-midi, alors que je me préparais une nouvelle compétition d’athlétisme, je m’injectai discrètement le fameux produit dans les toilettes. Le top départ fut donné. J’avais pourtant pris un excellent élan. Au milieu du parcours, alors que la victoire semblait déjà acquise, mon cœur se mit à battre rapidement. Tout s’est passé si vite. Ma vue est devenue floue et bien avant de pouvoir m’arrêter, je chutai violemment sur la piste. Je suis tombé et ma vie avec …bro…Malgré les soins, mon genou gauche a pris un coup dur. Ma vie s’est assombrie. J’ai simplement quitté la maison. Je vis comme je peux. Mais ça va aller..Senka va toujours bien. Senka est le meilleur. Senka n’a pas besoin d’aide. Senka va toujours bien… ».

Il eut un silence. Il continuait de balbutier des mots. De toute évidence, ces dernières paroles disant qu’il allait bien, étaient tout sauf vraies. Impuissant devant une telle douleur, je réfléchissais à toutes ces autres étoiles éteintes et noyées par les flots de douleurs. Je ne pus sortir qu’à peine trois mots que mon âme lança à voix désemparée « Que Dieu t’aide… Que Dieu t’aide… ».

Je me levai et sortis tout doucement de l’atmosphère créée par la senteur de sa cigarette.

Désirs sombres…

Bientôt une heure que je traîne dehors. J’accélère le pas. Devant une belle et grande maison, j’aperçois une jeune femme assise. Elle a quelques habits à ses pieds, sûrement les siens. Elle pleure en implorant Dieu. Du peu que j’ai entendu, c’est la domestique que la femme de la maison a mise dehors. La dame l’avait mise dehors de force parce que le mari avait été surpris dans une position quelque peu inconfortable avec elle. Et pourtant c’était cet homme qui la harcelait chaque fois que madame n’était pas là. De toute façon, personne ne peut prouver que cet homme très respecté dans le quartier a des désirs très sombres. Je décide de prendre un raccourci pour rentrer parce que mes petits pieds ne tiennent plus. J’entends des plaintes et des discussions houleuses d’un rassemblement derrière le mur de la boutique de commerce général dénommée « Péti Pris ». C’est un endroit assez éclairé. Je m’approche par curiosité pour comprendre ce qui se passe. Au milieu de la petite foule une jeune femme est en sanglots. Dans ses bras, une fille d’à peine 03 ans. Visiblement la sienne. À comprendre le débat, la petite avait été violée par le conjoint de la dame quelques heures plus tôt. Malheureusement il avait filé avant qu’elle ne puisse alerter les voisins. Elle connaissait le monsieur depuis 04 mois déjà. Il était sympa et affectueux. Un peu trop envers sa fille d’ailleurs. Elle n’avait pas vite compris. Elle se disait avoir trouvé le père parfait pour son petit ange. Surtout depuis que son premier amour l’avait abandonné après avoir visité plusieurs fois son intérieur et craché son venin par inattention. Enfin un homme qui n’était pas lâche avait-elle pensé. Un homme qui viendrait me soulager de mes charges et de mes peines. Elle est inconsolable. Personne n’arrive à trouver les mots pour calmer une femme à la fois blessée et trahie dans son âme. Seule la Grâce*** de Dieu pourrait faire ce miracle car rien ne peut justifier un acte si horrible.. Je prends un peu de recul devant cette tristesse et cette haine qui m’envahissent. J’aurais peut-être mieux fait de ne pas sortir cette nuit. Le monde est donc si différent de « l’arc-en-ciel » que je vois sur les réseaux sociaux. Il a juste fallu que mon forfait internet finisse pour que je découvre une nouvelle facette des humains. Il est 03 heures, je rentre à la maison. Plus question de m’arrêter. La fatigue appelle déjà le sommeil. J’ouvre ma porte. La chaleur a fait ses valises. Je retire mes vêtements et m’étale sur le lit. J’allume ma télé et donne un bon coup à la vieille commande. Je tombe sur un documentaire qui parle des populations togolaises qui habitent au bord de la mer. La mer avance dangereusement et bientôt ils perdront leurs maisons et le lieu de leurs souvenirs précieux sera complètement effacé. Des enfants jouent sur la plage. Ils lancent des coquillages dans la mer comme pour l’arrêter. Comme pour lui dire « laisse-nous le temps de grandir ici… ». Leurs sourires sont des pures merveilles.

Malgré les ténèbres dehors, ces anges me redonnent de l’espoir. Ils se mettent à chanter sur le rythme des vagues « Gbedeka Mawu la va..Mia kpor noutifafa..Ebé kekeli la klin nami..Elatoutou adasi nami.. Vévésésé ladjo.. vivisésé la va.**.». Mes paupières deviennent lourdes. J’aurais tellement aimé qu’à mon réveil, mon monde change. La chanson s’évanouit lentement pendant que je voltige dans mes rêves..

Jérôme Jims.

(*) « Jeune homme, beau gosse ! Viens me goûter laa !

(**) « Un jour Dieu reviendra..nous aurons la Paix..Sa Lumière jaillira sur nous..Il essuiera nos larmes..la douleur s’en ira..la joie viendra.. »

(***) Le viol de cette petite fille est tirée d’un fait réel qui s’est passé en Septembre 2019 sur une fille de 03 ans nommée Grâce. Cliquez sur le mot Grâce dans le texte pour lire le fait.


Bonne et heureuse année 3202 !


Moutala et le petit miroir (Conte Part.2)

JJ

Le corps-à-corps mortel

On les surnommait les « Makoukpo ». C’était une équipe-suicide préparée pour les missions les plus périlleuses. Ils avaient pour mission d’appâter les soldats ennemis dans la vallée. Pendant ce temps, les autres hommes de Moutala se mirent en embuscade dans la vallée marécageuse, ainsi que Moutala lui-même. La profondeur de la boue leur donnait un avantage conséquent. Accroupis dans la boue, le plus grand défi était de ne pas bouger en attendant le signal de leur chef. Les douze hommes lancèrent des flèches dans le camp ennemi pour attirer leur attention et les mettre en colère. Ils s’enfuirent ensuite vers le lieu d’embuscade. Les ennemis les suivirent afin de leur faire payer leur affront. Lorsque la petite équipe entra dans la vallée boueuse, les ennemis les suivirent sans réfléchir…

Alors que le dernier de l’armée ennemie entrait dans la zone boueuse profonde, les troupes de Moutala se levèrent d’un bond et d’un cri de rage. Les ennemis entourés de toute part furent pris par surprise. Il s’en suivit un combat au corps à corps sans merci. Les troupes de Moutala s’étaient entrainées pendant des années dans des zones boueuses. La maitrise du mouvement de leurs corps et la dextérité avec laquelle ils maniaient leurs armes étaient un véritable chef d’œuvre mortel. Homme après homme, la vallée marécageuse accueillit les corps sans vie. Alors que le soleil montait, le combat devint plus intense. L’armée ennemie perdait en puissance et en espoir même si elle emportait quelques hommes de Moutala avec elle. Le vieil ami de Moutala fut blessé au dos par deux ennemis. Sa vision devint floue alors qu’il tenait à peine sur ses pieds. Il tomba sur ces genoux. Mais bien avant de s’effondrer dans la boue, « Rides d’enfer » amena un des ennemis dans l’au-delà avec lui par son couteau oint de poison. Moutala, témoin de la scène, continuait de se battre, les larmes dans les yeux. Il venait de perdre un de ses plus fidèles amis.

Le miroir de Tsomeli

Bientôt la vallée se remplit de corps sans vie. Le bilan devenant trop lourd pour les ennemis, la poignée d’hommes qui restait, décida alors de se rendre. Ils rendirent leurs armes afin qu’on les emmène en tant qu’esclaves. Alors que Moutala et ses guerriers étaient sur le point de sortir des marécages, il regarda encore une fois, avec tristesse, les corps sans vie de ses frères. Il sortit le miroir que lui avait donné sa fille. Il l’avait gardé sur lui lors des combats. Il portait une petite fissure due sûrement à un coup lors d’un corps-à-corps. Alors qu’il regardait dans le miroir, il aperçut derrière lui un des prisonniers qui fonçait en éclair sur lui pour le poignarder. Il avait soigneusement caché une dague dans son habit pour éliminer Moutala à un moment propice. Moutala se retourna à toute vitesse pour parer son attaque avant de l’achever. Il était blessé mais une chose est sûre : il venait de frôler une mort imminente et le miroir de sa fille lui avait sauvé la vie. Ils rentrèrent au camp alors que le soleil était au zénith. Après avoir repris de leurs forces, ils allèrent récupérer les corps de leurs soldats afin de leur rendre un dernier hommage. Puis ils dansèrent et burent autour du feu toute la nuit. Les paroles du proverbe de Katou tournèrent en boucle dans les coeurs de ses amis. « Le feu ne peut couler comme l’eau. Il brûle. Et Il brûlera jusqu’à ce qu’il ne s’éteigne. ».

Le lendemain, ils rentrèrent au village et furent accueillis en chants de triomphe. Tsomeli courut de toutes ses forces pour embrasser son père. Pendant le festin organisé en leur honneur par le roi, il fût demandé à Moutala de dire quelques mots aux villageois. Moutala se leva avec sa fille qui dormait déjà dans ses bras et donna juste une simple leçon : « Il arrive des fois qu’une chose ou une personne puisse vous paraitre inutile ou ne serve pas à grand-chose. Il n’est peut-être pas encore temps pour elle d’intervenir. Ne la négligez pas. Au bon moment, elle vous sauvera la vie. ».

#Jims

Si vous avez aimé, partagez les liens de la partie 1 et 2 de ce conte africain avec vos amis afin qu’ils lisent aussi ! A bientôt pour de nouvelles aventures sorties de mon imagination !


Moutala et le petit miroir (Partie 1)

Moutala et le petit miroir

La nuit peinait à tomber ce soir-là. Moutala avait fini son entraînement comme chaque jour. Son corps en sueur avait encore enduré le parcours de la mort. Il fixa sa fille qui jouait sur la rive. Il aimait la regarder ramasser les pierres lisses de la rivière. C’était son moment préféré. Tsomeli et sa belle touffe de cheveux crépus étaient tout ce qu’il y’avait de plus magnifique. Elle débordait tellement de joie que tu pouvais le voir au travers de ses yeux pétillants de bonheur. Moutala appela sa fille et lui dit qu’il était temps de rentrer à la maison. Il se faisait servir par les cuisiniers du roi tous les soirs depuis qu’il avait perdu sa femme suite à une longue maladie. Cet homme était l’un des plus grands guerriers du village. Il n’avait pas un gabarit extraordinaire. Mais il avait une intelligence particulière et un petit corps qui le rendait agile pour la guerre. Une plume dans sa main pouvait devenir une arme redoutable. Il avait déjà sauvé la vie du roi à plusieurs reprises.

Sa femme lui manquait énormément et il n’avait pas eu le temps de vraiment faire le deuil. Il devait malgré tout, impérativement retourner le lendemain sur le champ de guerre. Sa troupe de guerriers avait besoin de lui pour remporter la bataille dans la vallée de Vidomé. Sa fille était tout ce qui lui restait. Le sourire et les cheveux de Tsomeli lui rappelaient tellement sa femme. Il mangea ce soir-là avec sa fille sous les lumières tamisées des bougies. Juste après, il la porta au lit et l’enveloppa d’une couverture chaude. Il lui chuchota qu’il devait repartir très tôt demain matin pour la guerre. Tsomeli avait les yeux embués de larmes mais très vite, la fatigue de la journée l’embrassa délicatement. Son père s’endormit à côté d’elle. Il était possible qu’il ne revienne pas de cette guerre-là. La guerre ne reconnait pas ses anciens clients murmura t-il. Le matin, alors qu’il préparait ses affaires pour rejoindre son équipe, Tsomeli se réveilla plus tôt que les autres jours. Son père l’aida à coiffer sa grosse touffe de poils avant de la confier aux servantes du roi, afin qu’elle ne manque de rien. Alors qu’il s’éloignait de sa tente, sa fille l’appela fort et courut vers lui. Elle lui offrit un petit miroir. C’était le miroir préféré de Tsomeli. Elle aimait beaucoup ce cadeau de sa mère et voulait à tout prix que Moutala le garde avec lui. La guerre était tout sauf un concours de beauté pensa-t-il. Il se disait au fond de lui qu’un petit miroir sur le champ de guerre ne servirait à rien, mais il lui promit de toujours le garder sur lui.

Il arriva bientôt dans le camp de son armée. Une lueur d’espoir apparut sur le visage de ses guerriers. Ils venaient de rentrer d’une longue bataille. Moutala demanda instinctivement d’après son vieil ami Katou. Katou était affectueusement appelé « Rides d’enfer ». Il avait connu plus de guerres que Moutala. C’était un homme expérimenté. Son surnom lui avait été donné à cause de son expertise du corps-à-corps. Sur le champ de bataille, ses rides étaient les dernières choses qu’un ennemi pouvait voir avant qu’il ne l’envoie à la mort. Mais Katou faiblissait face au temps, à cause de son âge avancé. Moutala lui avait déjà demandé, à plusieurs reprises, de prendre sa retraite. Sa réponse demeurait inchangeable… « Le feu ne peut couler comme l’eau. Il brûle. Et Il brûlera jusqu’à ce qu’il ne s’éteigne. ». Moutala avait beaucoup appris de lui. S’il pouvait anticiper aisément les mouvements du corps d’un ennemi, c’était grâce à « Rides d’enfer ».

La vallée de la mort…

Les nouvelles n’étaient pas bonnes. Ils avaient déjà perdu beaucoup d’hommes. Moutala entra dans la tente du général afin de connaitre la situation du terrain. Après discussion, il eut une idée. Celle de piéger l’armée ennemie dans la vallée boueuse afin d’effectuer un corps-à-corps mortel. Les ennemis étaient en plus grand nombre qu’eux. Il fallait donc utiliser les atouts du terrain comme alliés et jouer la carte finale. Le lendemain, alors que la lumière effaçait les ténèbres, Moutala envoya douze hommes vers le camp ennemi. Ils étaient les meilleurs athlètes sélectionnés de l’armée. On les surnommait les « Makoukpo ». C’était une équipe-suicide préparée pour les missions les plus périlleuses…

A bientôt pour la fin de l’histoire… Follow me sur les différents réseaux sociaux en tapant Jérôme Jims et lâche un commentaire sous le billet si tu veux connaitre la suite de l’histoire !


Légendes de Malinga (Suite)

Hello ! J’ai décidé de supprimer la suite et fin des légendes de Malinga ! Pour cause, je compte bientôt sortir la version audio et animée du conte. Portez-moi dans vos prières et n’hésitez pas à contribuer avec de l’argent in. Ahan.

Désoléé !